Aspects historiques concernant la normalisation et la standardisation du wallon.

Li rfondou walon: kî çki l' pouna, kî çki l' cova ?

 dierin rapontiaedje - last update: 2006-05-25.

Dressêye:


1988 : Publication initiatrice

Premier article de Jean Germain, intitulé: «Une koïné wallonne ? (ou petite histoire d'une non-existence)». L'auteur, invité à un congrès en Suisse sur la normalisation du romanche où on posait la question de la même démarche pour le wallon, à l'image de ce que fut la koiné, forme commune du grec ancien. L'auteur ne peut que constater que cette évolution n'a jamais été suggérée à très large échelle pour le wallon. L'article est inclus dans les actes du colloque, et passe inaperçu.


1989 : Première ébauche technique

Continuant sur sa lancée, le même Jean Germain publie dans la revue "Toudi" un autre article "Quel avenir pour nos dialectes ? L'exemple du Romantsch Grischung". A travers l'expérience helvétique de normalisation du romanche, l'auteur imagine une forme écrite commune du wallon. Butant sur une trop grande diversité apparente de certains mots -- en transcription phonétique Feller, la seule en usage à ce moment --, il rappelle l'existence d'une graphie -ea au Moyen-âge, qui fonctionnait peut-être comme forme écrite commune pour les mots wallons bâtis à partir du suffixe latin -ellus. Etrangement (sans doute au regard des postulats de la dialectologie, dont tous les romanistes sont profondément imprégnés), il juge cette écriture "dangereuse", estimant qu'une koiné n' est possible que dans les domaines étroits namurois et liégeois, chaqu'un fonctionnant indépendemment. Dans un commentaire ultérieur, Laurent Hendschel se demandera "dangereux pour quoi ?".


1990 : Premières réactions positives

A cette époque l'idée semble séduire également Jean-Luc Fauconnier, qui invite à lancer la normalisation sur le modèle des Romanches, dans le résumé des travaux du même congrès de Suisse qu'il publie dans El Bourdon 426 (5-1990) sous le titre "Et si on regardait du côté des Grisons ?". Malgré le septicisme ambiant, la même revue reviendra occasionnellement sur la question de la normalisation. Ainsi, elle diffusera dans "El Bourdon, 381 (12-1995), un article de l' U.C.W., "la normalisation, une bien vieille histoire", et où on montre que le poblème a déjà été soulevé maintes fois depuis 1900, mais semble avoir été étouffé par les dialectologues et peut-être aussi le pouvoir politique. Etrangement, après 1996, Jean-Luc Fauconnier et l'équippe du "Bourdon" rejoindront le camp des opposants à la normalisation, dans une démarche d'allégeance au courant romanisto-dialectologique.

Dans un article intitulé "Une langue pour la Wallonie ?", Marcel Slangen explique que, sans forme écrite commune, "chaque écrivain pourrait devenir bientôt le seul lecteur de ses œuvres". Ultérieurement, l'auteur participera à la Commission Normalisation de l'UCW, puis s'éloignera du "rfondou" à la suite de l'opposition des courants micro-régionalistes et passéistes au sein de l'U.C.W. Néanmoins, il reste fidèle au développement de la prose non narrative en créant la première revue de prose non narrative "Djåzans walon". Implicitement, on y sent un désir de normalisation du corpus sur base Feller liégeois avec quelques petits aménagements, et renforcement de certains traits typiques de la grammaire wallonne.

 


1990-1992 : développements argumentaires et techniques

En 1990, Laurent (Lorint) Hendschel écrit le premier texte majeur, On walon po dmwin ?. Il y montre que la normalisation commence à fonctionner avec succès dans d'autres langues régionales européennes, et propose les premiers développements techniques pour le wallon, pris dans l'intégralité de sa zone de diffusion, toujours à partir du modèle lancé par J. Germain. Par rapport au projet du début du 20e siècle, le dictionnaire général de la langue wallonne de Haust-Feller, on n'intègre donc pas dans la planification linguistique les zones de Belgique romane qui ont des autres langues régionale, le picard et le gaumais), une différentiation qui est apparue nettement vers 1925-1940.

En 1992 parait le "Walo +, mes 3000 prumîs mots d' walon". Il s'agit, à travers un lexique français-wallon de 3000 mots, de rapprocher les formes régiolectales de Liège, Namur et Charleroi. Le travail est produit par l'U.C.W. sous la houlette de Paul Lefin, et réalisé par une équipe de plus de 10 personnes (dont Jean Germain, Jean-Luc Fauconnier et Marcel Slangen, déjà cités, mais aussi Lucien Somme, Jean-Jacques Gaziaux, Pierre Faulx et Charles Josserand), coordonnée par Laurent Hendschel, et soutenue par des personnalités de référence comme Willy Bal.


1993 : Tout se met en place

Dans un article auto-biographique "Témoignage", paru dans "Singuliers" 2 et 3-1993, Lucien Mahin explique que, dans sa quête autodidacte de sa langue maternelle wallonne, et dans sa vision sur son avenir, il a cruellement ressenti l'absence d'une forme commune du wallon (qu'il nomme r(i)fondu walon), semblable à ce que fut l' ABN (néerlandais écrit commun) pour les Flamands.

Dans la même revue, Michel Francard apporte pour la première fois une nouvelle vision sur l'avenir du wallon. Il constate, à travers l'observation de l'évolution des langues dans le village de Tintange (où on parle luxembourgeois, wallon, français et allemand) que, parrmi les deux langues régionales, la survie du luxembourgeois est nettement favorisée par l'existence de la planification, alors que, en l'absence de toute normalisation, le wallon est en voie de disparition.

 

Entre-temps, Laurent Hendschel a complété son travail technique. Dans Quelques propositions en vue de l'établissement d'une langue wallonne écrite commune, il aborde non seulement la normalisation des différentes séries de mots wallons, mais également la problématique de la synonymie, de la grammaire et de la néologie.

Ces trois animateurs vont se rencontrer à Redu en octobre 1993, dans un séminaire sur l'avenir de la langue wallonne, que L. Mahin organise à l'occasion de la sortie de presse de la fin de sa trilogie "Ene båke so les bwès d' l' Årdene". Il va en profiter pour éditer deux petits livrets : "Li rfondou walon : les pondants et les djondants". Il propose pour la première fois l'utilisation des graphies en diasystème, baptisées en wallon "betchfessîs scrijhas", dont le premier proposé est le xh.


1994: Publications fondatrices

L'année 1994 va voir des avancées significatives, et la sortie de trois importants syllabus (malheureusement peu diffusés) :

Johan Viroux, qui travaille avec Thierry Dumont et Laurent Hendschel sur le lexique depuis 1991, sort un gros travail intitulé : Présentation du Dictionnaire Général Wallon et qui comprend :

Lucien Mahin commence une série de textes, nommés WALDIM (pour walon did dimwin) où il réfléchit principalement sur la néologie. La première série est rassemblée en un syllabus intitulé: La création de néologismes. en wallon (L'askèpiadje di noûmots è walond). Il y envisage, notamment.

Laurent Hendschel diffuse un autre syllabus intitulé Å raploû-tot des walons (à la salle de réunion des wallons), où il résume ce qui a déjà été réalisé : on y rappelle les techniques de normalisation; elles sont suivies d'un exemple de dictionnaire général, basé sur quelques 400 sources lexicales rassemblées par J. Viroux.


1995 : Journalisme et tables de conversation


1996 : Colloque de Charleroi / opposition de la SLLW / Premier site Internet / ASBL "Li Rantoele"


1997 : L' Aberteke

 


1998 : Dernières graphies diasystémiques / Waibe del croejhete walone

 


1999 : Traduction des programmes informatiques / Qué walon po dmwin ?


2000 : Listes de conversation et cours de wallon unifié

 


2001 : Reprise de la normalisation par "Li Rantoele" / domaine walon.org

 


2002 : "wa" est le code ISO du wallon

 


2003 : Reprise en mains de l'ASBL "Li Rantoele" par les membres fondateurs / Wikipedia

 


2004 : Premier roman édité en wallon unifié / correcteurs orthographiques

 


2005 : Envolée de Wikipedia

 


2006 : Deux romans en wallon unifié

 


2007 : Promotion hors initiateurs (BD, télévision, programmes informatiques)